L'unité sous-jacente de toutes les religions abrahamiques

La racine historique - partie I

 

Les trois principales religions abrahamiques que sont le judaïsme, le christianisme et l'islam se rattachent directement à Abraham, et leurs pratiques sont liées aux traditions d'Abraham. Dans son livre Le Prophète Muhammad : sa vie selon les sources les plus anciennes, Martin Lings raconte la vie du Prophète de l'islam. Dans le tout premier chapitre, il rapporte comment Abraham est "la source de deux courants spirituels" à travers ses fils Isaac et Ismaël.

Pour les juifs et les chrétiens, Abraham est, à travers Isaac, l’ancêtre et le père de leur religion. Pour les musulmans, le rattachement direct à Abraham passe par Ismaël. Les musulmans se considèrent comme milat Ibrahim (le peuple d’Abraham). Le saint Coran affirme :

Étiez-vous donc témoins lorsque Jacob, sur le point de mourir, demanda à ses fils :

« Qu’adorerez-vous après moi ? » Ils dirent : « Nous adorerons ton Dieu et le Dieu de tes pères Abraham, Ismaël et Isaac, le Dieu unique auquel nous nous soumettrons. » (Coran 2 : 133)

Le livre de la Genèse nous apprend qu’Abraham n’avait pas d’enfant, n’avait aucun espoir d’en avoir, et qu’une nuit Dieu l’appela hors de sa tente et lui dit : « Regarde vers le ciel et dénombre les étoiles, si tu peux les dénombrer. » Et comme Abraham levait son regard vers les étoiles, il entendit la voix lui dire : « Ainsi sera ta descendance. » (Ge 15 : 5)

La femme d’Abraham, Sarah, était alors une vieille femme stérile, et Abraham avançait lui aussi en âge. Elle donna sa servante égyptienne Hagar pour qu’elle devienne sa femme. Mais des sentiments amers apparurent entre elles, et Hagar s’enfuit pour échapper à la colère de Sarah, et cria vers Dieu, dans sa détresse. Il lui envoya un ange avec le message suivant : « Je multiplierai ta descendance au point qu’on ne pourra la compter tant elle sera nombreuse. » L’ange lui dit aussi : « Voici que tu es enceinte et tu enfanteras un fils, et tu l’appelleras Ismaël, car le Seigneur a entendu ta misère. » (Ge 16 : 10-11) Alors Hagar retourna vers Abraham et Sarah et leur rapporta ce que l’ange avait dit. À la naissance, Abraham appela son fils Ismaël, ce qui signifie « Dieu entendra ».

Quand le garçon eut treize ans, Dieu parla à nouveau à Abraham et lui dit : « Voici que mon alliance est avec toi et tu deviendras père d’une multitude de nations » (Ge 17 : 4) et « J’établirai mon alliance entre moi et toi, et ta descendance après toi dans toutes ses générations, une alliance perpétuelle, pour être ton Dieu et celui de ta descendance après toi. » (Ge 17 : 7)

Alors Dieu lui promit que Sarah aussi porterait un fils qu’il faudrait appeler Isaac. Craignant que son fils aîné puisse de ce fait perdre la faveur de Dieu, Abraham pria : « Si seulement Ismaël pouvait vivre devant Ta face ! » Et Dieu lui dit : « Quant à Ismaël, Je t’ai entendu. Voici que Je le bénis, Je le ferai fructifier et le multiplierai à l’extrême. Il engendrera douze princes et Je ferai de lui une grande nation. » (Ge 17 : 20-21)

Sarah donna naissance à Isaac, et quand il fut sevré, elle dit à Abraham que Hagar et son fils ne devaient pas rester dans leur maison. Abraham en conçut un profond chagrin, étant donné son amour pour Ismaël. Mais Dieu lui parla à nouveau et lui dit de suivre le conseil de Sarah, et de ne pas avoir de peine. Il lui promit à nouveau qu’Ismaël serait béni.

Ainsi, deux courants spirituels, deux centres dans la mouvance d’Abraham, travaillaient à l’unité de l’humanité. Ce n’est pas une, mais deux grandes nations qui portaient leur regard en arrière vers leur père Abraham – deux grandes nations, c’est-à-dire deux puissances guidées, deux instruments de la volonté céleste, car la promesse de Dieu ne concerne pas un bienfait profane, et il n’y a pas devant Dieu de grandeur qui ne soit une grandeur dans l’Esprit. Abraham fut donc la source originelle de deux courants spirituels menant vers l’océan de l’unité.


1. Martin Lings, Muhammad, his life based on the earliest sources (Vermont: Inner Traditions International, 1983)
2. The New Oxford Annotated Bible (Revised Standard Version), (New York, NY: Oxford University Press, 1973)